MAI-JUIN 2018 : RÉSIDENCE DE TERRITOIRE
Cie La robe à l’envers – Théâtre, marionnettes et objets

“SUR LE FIL”
Elena et Emmanuel déballent sur scène un amas de fils qu’ils trimballent et sortent de partout pour nous raconter leurs contes, leurs histoires de bouts de ficelle…. sous l’oreille attentive de Polo, un jeune garçon de 10 ans qui aspire justement à couper le fil qui le retient à ses parents avec qui il se retrouve sur scène, George et Georgette. Et si les histoires d’Elena et Emmanuel l’aidaient à filer son chemin à lui ?

Avec : Elena Bosco (mise, en scène, jeu, fabrication des marionnettes) et Emmanuel Lefebvre (musicien)
Mise en scène : Daniel Collados

Interview d’Elena Bosco du Jeudi 14 Juin 2018, à Saint-Martin-de-Castillon

“LE FIL : LE PARCOURS D’UNE VIE”

Elena quitte l’Italie à 19 ans pour venir faire ses études en France. C’est à ce moment là que commence son parcours artistique avec plein d’allers et retours.
Après avoir acquis une formation initiale de danse contemporaine et classique de 5 à 18 ans, elle a commencé à construire sa carrière dans le monde du spectacle. Mais suite à une blessure au genou, elle a dû mettre un terme à la danse. C’est alors qu’elle décide de se rapprocher du théâtre, et ­­­­de commencer des études en littérature dès 18 ans sur Paris.
5 années plus tard, « sur un coup de tête » dit-elle, elle postule à l’école de théâtre Jacques Lecoq, à Paris. Pendant ces 2 années de formation, elle découvre une réelle passion pour le théâtre. « Le théâtre et la narration me changent du côté abstrait et un peu éthérique de la danse. En Italie on est plutôt théâtraux ».
Plus le temps passe, plus elle s’intéresse à la marionnette et l’objet ; elle y prend goût assez rapidement. « Dire les choses autrement qu’avec les mots et créer des univers différents avec peu de moyens » est essentiel pour Elena à l’heure actuelle.

Elena et Emmanuel nous racontent leurs contes, leurs histoires avec des bouts de ficelles et un amas de fils qu’ils trimballent et sortent de partout de la scène. « Pour moi le fil représente le parcours d’une vie, il trace le chemin de la vie et illustre le fil de la narration ». C’est une réelle fascination pour les fils, les lignes, les courbes pour notre comédienne. Elle raconte que selon elle, les humains vivent en racontant leurs histoires et celles des autres, ils tirent les fils de leur vie. Le fil permet alors de donner du sens à la vie humaine, de l’orienter pour donner une direction à suivre.
Puisque partagée entre deux pays, Elena interprète également le fil comme un « nœud » qui relie son parcours de vie entre l’Italie et la France. D’autant plus que le fil la ramène à sa passion pour la marionnette.
« Comment tisser des liens, tricoter des relations et garder du mouvement là-dedans ? »  C’est ce à quoi Elena cherche à répondre au cours de sa vie et ses spectacles.

« Le théâtre se joue et ne se vit que si celui-ci se passe maintenant et ici ». Introduire le public dans le spectacle est important pour Elena. Ce qui est différent de la danse, c’est pourquoi notre comédienne a pris goût au théâtre et à la marionnette, qui symbolisent un moment de partage avec le public.
« Est-ce que le conte à encore du sens et nous sert-il encore ? » c’est une problématique à laquelle le spectacle tente de répondre. Elena travaille sur les contes provençaux et occitans dans le but de partager une histoire, son histoire. Et implique le public afin de lui faire prendre conscience qu’il fait acte de narration de sa vie au quotidien.

« Comment faire entendre le son du fil ? » Une collaboration entre Elena et Emmanuel est née lors de leur rencontre pour une lecture musicale. Emmanuel a fait la recherche et a créé une belle machine remplie de fils. Ce travail collaboratif sur la narration du conte a été une opportunité pour Elena. « Le son ouvre des dimensions que l’on ne dit pas avec les mots, ni les gestes, cela touche profondément le spectateur ». C’est une énergie complémentaire de partager une lecture avec un musicien. Emmanuel cherche à faire entendre le son du fil et Elena à le faire bouger dans l’espace et le décrire avec les mots.

« Pourquoi travailler ce projet dans un milieu rural tel que Caseneuve et Saint-Martin-de-Castillon ? » Pour Elena, c’est la vie qui l’a amenée dans ce milieu. Sa compagnie était sur Paris, mais l’envie de faire entendre sa voix à ce territoire rural qu’elle a découvert et qui la changeait en tant que femme et artiste était plus forte, elle décide alors de descendre à Ramatuelle, dans le Var. « Je me disais que j’abandonnais un territoire qui m’a beaucoup appris et je voulais l’ouvrir au théâtre ». Pour Elena le rapport avec le public n’est pas le même dans nos campagnes que dans le milieu urbain. Le travail dans la campagne ramène à l’histoire de Polo, personnage principal du spectacle, qui souhaite devenir un berger comme son grand-père. Le milieu urbain se développe et nos rêves s’envolent, un dilemme qui touche les enfants de milieu rural, qu’Elena veut soulever dans son spectacle.

« C’est une équipe agréable, qui trouve toujours le temps pour nous accompagner ». Elena partage son aventure au sein du Vélo Théâtre, dans le pays d’Apt. Elle était ravie de l’accompagnement et du partage, aussi bien au Vélo Théâtre qu’à Caseneuve et Saint-Martin-de-Castillon. En effet, elle a raconté ses histoires aux enfants du village et à quelques adultes conviés puis la rencontre s’est terminée par un échange précieux, où ils ont pu exprimer leurs idées. « On a créé un lien, comme un fil » dit Elena.

Éléa Fouvet, stagiaire en BTS de communication